Pass by the evil, without ever giving up to it [ Libre ]

Passe par le mal, sans jamais lui céder. Drôle de philosophie, il fallait bien le reconnaître, et pourtant, l'on trouvait encore des personnes capables de se l'appliquer et de l'appliquer au monde. Owen était justement de cela ... Il ne voyait pas les choses d'une manière réellement manichéenne comme le lui soufflerait logiquement sa position immortelle, et donnait au genre humain le reste du libre arbitre; de ne point juger ses actes selon le bien ou le mal par excellence mais d'y voir avant tout son intérêt ou celui des autres. Que ce soit d'une variante à une autre, l'on pencherait pour le bien ou pour le mal, mais jamais l'un ou l'autre ne pourrait avoir tout pouvoir, c'était justement le principe qu'évoquait souvent Owen. Libre était à chacun de s'y accorder ou non, ce qui était en tous les cas certain, c'était bien que personne ne le ferait ni le verrait changer d'avis. L'on pouvait soigner le mal par le mal sans pour autant s'y plier à jamais, et de ce côté-là, il en démontrait toute sa force et son passé de mortel.

Ce soir-là - comme beaucoup de soirs - Owen s'était hasardé jusqu'au Trust Bar; un endroit à mauvaise réputation, malfamé, sordide, et lieu de tous les trafics, de l'homme lui-même à la pire marchandise. Dans cet endroit, tout et n'importe quoi était à vendre, et il aimait s'y aventurer le soir venu pour y faire place nette, et limiter la casse. Le quartier lui rappelait sa banlieue d'Atlanta, mais plutôt que d'en être nostalgique, il en était profondément désolé, et se sentait même coupable d'avoir mis autant d'années à comprendre le mauvais fond de ses actes. C'était à cause de personne comme lui que des endroits comme ce bar existait, et c'en était réellement écoeurant. Il y passait quelques heures, limitait les bagarres, les trafics, et même s'il n'avait jamais le pouvoir de tout arrêter, il s'y rendait surtout pour songer à tout et à rien, et y ruminer tranquillement, au milieu de pauvres types qui ne vallaient certainement pas mieux que lui.

Il était plutôt sage jusqu'à maintenant : une heure et demi du matin, une amblance de drogue, de cigarette et d'alcool dans l'air, les alentours plongés dans la pénombre, des personnes allant ci et là, entre contrat et distractions en tout genre, alors qu'il demeurait, tranquille, posé, sobre, accoudé au bar, devant sa vodka, son blouson de cuir noir et son jean sombre le laissant en parfaite communion avec le style de l'endroit. Il avait le regard légèrement au vide, absent, passant gentiment le doigt sur le rebord de son verre, en en faisant le tour. Il en était peut être à son deuxième, ou troisième, peu importait, il était totalement lucide, si tant est qu'il ne fut pas si pensif.

» Balade matinale [Libre]